L'ancienne policière Stéfanie Trudeau s'est vu imposer, hier, une peine de probation de 12 mois assortie de 60 heures de travaux communautaires.
C'est ce qu'on appelle parfois un sursis de peine, ou une sentence suspendue, c'est-à-dire que je le juge sursoit au prononcé de la peine pour une période fixe. J'ai envie de dire ce qu'on appelle à tort un sursis de peine lorsque des travaux communautaires sont ordonnés puisque les travaux constituent une peine. (Anciennement, les travaux communautaires étaient considérés comme une alternative à la prison, pas exactement un sursis de peine, donc).
Chose sûre, Stéfanie Trudeau n'a pas été condamnée à une «peine avec sursis» ou, pire, à une «peine de prison avec sursis», non plus qu'à «12 mois dans la collectivité», comme l'ont indiqué la quasi totalité des grands médias francophones hier et que seule La Presse a corrigé ce matin.
La peine de prison avec sursis, expression empruntée à la suisse quand cette peine a été intégrée à notre droit, c'est la peine de prison en société, ou prison dans la collectivité, qu'on appelle aussi prison-maison pour utiliser une traduction littérale de l'anglais house-arrest, et qu'on devrait appeler, comme Michael Nguyen dans le Journal de Montréal, une peine de «prison à domicile».
Il y a un monde entre une peine de prison à domicile d'une année et une probation d'une année.
La prison en société est une peine beaucoup plus sévère que la probation d'une année assortie de travaux communautaires et, incidemment, c'est une peine qui apparaissait, hier, à tous les juristes devant leur télé ou sur La Presse+, anormalement sévère. Même le procureur de la poursuite n'en demandait pas tant.
C'est donc soit un correcteur, soit un titreur, qui s'est mêlé de corriger des mots appartenant au monde juridique, avec pour conséquence non seulement de les priver de leur sens mais de leur faire dire totalement autre chose. Mais le même correcteur pour tous les médias francophones? Tous? Il y a vraiment un truc qui m'échappe...